Dans Le pont de toutes les douleurs, la narratrice se fait dévorer par la ville. Québec (la si jolie ville) devient une source d’inspiration, mais également le fondement de son aliénation. La narratrice du récit vit à côté d’une ligne de chemin de fer. Elle franchit régulièrement « le pont de toutes les douleurs », se laisse contaminer par « l’air vicié » des usines de la Basse-Ville. La narratrice s’adresse à F. Un amant ? Un ami ? Nous apprenons par bribes la relation intime tissée entre eux. Puis, les trains s’immiscent dans le texte. Ces trains évoquent la mémoire familiale de sa famille maternelle venant de Lac-Mégantic. Le train tantôt rassurant se fait meurtrier. Par la description de son espace environnant, la narratrice laisse poindre son intériorité : ses émotions ont un décor, une « fiche-personnage ». Alix Paré-Vallerand envisage son travail lors de cette résidence d’écriture comme une entreprise de montage. Telle une cinéaste sur sa table de travail, elle doit maintenant combiner des fragments accumulés sur une longue période, en « faire de la littérature ». Se laisser surprendre par la fureur du texte.