«Il y a trois ans, j’ai appris que j’étais enceinte et j’ai décidé de m’en débarrasser. J’avais 24 ans, soit exactement le même âge qu’avait ma mère lorsqu’elle est tombée enceinte de moi par accident. Est alors apparu devant moi un jeu de miroirs; dans une existence parallèle, j’étais ma mère et c’est moi-même que j’avortais. Dans une autre existence, une chose sortait de moi, une chose vivante qui n’était pas moi. Dans une autre encore, il n’y avait personne: pas moi, ni ma mère, ni même ma lignée de femmes et d’hommes perdus entre le Vietnam, la France et le Québec. C’est sous le prisme narratif de cet avortement que se déploiera mon projet Tache de naissance. Il s’agira d’un livre hybride, entre le récit et la poésie, qui réfléchit à la filiation, au caractère héréditaire de certains vertiges, aux origines et à la mémoire.»

Mot du jury

Le jury a été touché par ce projet où l’auteurice revient sur son histoire familiale, ponctuée de traumatismes, de failles, mais aussi de ravissements, ainsi que sur le contexte particulier autour des naissances dans sa lignée. Le passage/retour à Toulouse est quasi fondamental et viscéral pour le projet dont les extraits dénotent déjà d’une remarquable authenticité et d’un vibrant désir de se dire justement. Cette résidence en région Occitanie sera sans nul doute un jalon marquant dans le jeune et brillant parcours de Nana Quinn.